Dés que les Francs furent maîtres du pays, ils ne trouvèrent pas de nom plus approprié au lieu ou ils venaient de remporter une signalée victoire, que celui de Rosières, en mémoire des champs de rosiers cultivés par les arabes dans les plaines de Rosières et de Laurac. La tradition ajoute que sur le territoire de Rosières, au lieu nommé anciennement Campus Regi et aujourd'hui en patois, « lou chan de regi » ( le champ ou le camp du roi) (1)un combat décisif aurait été livré et que l’armée ennemie aurait été taillée en pièce, mise en déroute et poursuivie au-delà de la rivière, en un lieu qui fut depuis appelé Joyeuse, du nom de l’épée de Charlemagne.(2)
On a trouvé, nous a-t-on dit dans notre jeunesse, en labourant le campus regi, de nombreux débris d’armures, fers de lances et piques ,malheureusement perdus. Il n’est pas impossible que Charlemagne où son père Pépin le bref et moins probablement son grand père Charles Martel eussent pourchassé les sarrasins à Rosières.
Il est notoire que Charles Martel mit en déroute les sarrasins en l’an 732 à la bataille de Poitiers et les refoula dans le midi, mais jusqu’ou ? probablement pas jusqu’à Rosières, car l’histoire nous apprend que sa présence était urgente en Bourgogne.
Nous savons que , plus tard, il revint dans le midi, à Avignon ,Marseille et Nîmes, mais rien ne prouve qu’il vint dans nos contrées, sans doute encore occupées par les sarrasins. .Ce qu’il y a de certain , c’est que ceux ci, après la déroute de Poitiers resteront encore quelques années
possesseurs de la Septimanie, mais est ce Charles Martel ou son fils Pépin le Bref qui les expulsèrent définitivement ?(1)
Nous pensons que ce fut ce dernier qui conquit la Septimanie et qui étendit son royaume jusqu’aux Pyrénées vers l’an 750.
Mais il n’y a rien de surprenant à ce que la tradition ait attribué à Charles Martel la victoire de son fils à Rosières, car le souvenir de Charles devait être plus vivace et plus frappant , comme ayant porté les premiers coups aux musulmans et sauvé la France de l’islamisme
.
Quant à Charlemagne, il n’est pas possible de lui attribuer cette victoire, les sarrasins étant expulsés à son avènement.
Mais il n’est pas impossible qu’il ait passé à Joyeuse, la tradition prétendant que ce fut lui qui donna le nom de son épée à cette ville ;Cette présomption est même vraisemblable.
(1) La Septimanie comprenait nos départements des Pyrénées Orientales, de l’Aude, de l’Hérault, du Gard et vraisemblablement le midi de l’Ardèche.
(2) Ce fut le Pape Léon III qui proclama Charlemagne Empereur en l’an 8OO.Il lui ceignit
l’épée appelée par cette raison l’épée de St Pierre, mais généralement on la nomma la Joyeuse, Charlemagne disait : » je scelle les traités avec le pommeau de mon épée et les fais exécuter avec la pointe »
accès au document: cliquer ici! (d'après les annales du Vicomte de Montravel)
* Antoine-Jean-Louis de Tardy, Vicomte de Montravel, né à Joyeuse le 7 mars 1823.
*La première apparition du nom de "Joyeuse" se trouve dans la Chanson de Roland.
Charles le roi sa barbe blanche a pris ;
Il se souvient du deuil et du dommage.
Toute sa gent fièrement il regarde,
Puis de sa voix haute et forte il s'écrie :
« Barons français, aux armes! à cheval »
Notre empereur
s'adoube le premier ;
Rapidement il revêt sa cuirasse,
Lace son casque et se ceint de Joyeuse,
Dont le soleil n'éteint pas la clarté.
Vue de Rosières en 1900 Vieille gravure du pont de Joyeuse: